posté le 07-12-2012 à 18:24:22

Les préjugés à la petite cuillère

Je poursuis ma critique du militantisme en m'intéressant à la manière dont celui-ci prétend souvent combattre les préjugés, et en opposant à cette manière la posture radicale que je défends dans ce blog.


Je constate simplement que le militantisme va au combat sans s'interroger sur les causes de la guerre.

Si très souvent les combats menés sont contre une forme ou une autre de préjugés, qu'ils soient à l'encontre des femmes, des personnes homosexuelles ou que sais-je, qui se demande pourquoi les êtres humains ont des préjugés et comment on pourrait faire pour qu'ils n'en aient plus ? Personne.

Ces questions-là sont rangées au placard, parce qu'on considère que l'être humain est ce qu'il est, qu'il ne changera pas, et qu'on ne peut changer les choses qu'à l'échelle politique et sociale. C'est toujours cette bonne vieille façon d'aborder les situations de l'extérieur en niant à l'être humain sa nature spirituelle et ses capacités de transformation.

Il se peut bien que l'être humain, considéré globalement, ne puisse pas changer comme on le souhaiterait, ce qui ne signifierait pas moins qu'il n'est qu'un emmerdeur constitutif voué à répandre sa connerie partout où il se manifeste.

Combattre les préjugés un par un et de l'extérieur revient dans ce cas à écoper un bateau dont la coque est percée.

On peut en écopant vouloir empêcher le bateau de couler : c'est ce que font les gens qui ne voient pas loin.

 

Ou on peut se contenter de ne pas ajouter sa connerie propre à la connerie générale (ce qui est en réalité une tâche monumentale), et considérer que si le bateau coule ce n'est pas de notre fait. Certains diront que cette option est individualiste et ne peut que nous mener au naufrage, sauf que si tout le monde la choisissait le bateau ne fuirait plus.
L'option qui consiste à écoper est toujours finalement une forme de chantage que les gens qui percent la coque font subir à ceux qui ne la percent pas : « si tu n'écopes pas on coule et ce sera de ta faute ». Eh bien non, le bateau coule à cause de ceux qui percent la coque et non à cause de ceux qui refuse d'écoper.

 

Je ne me livrerais pas à ce chantage.

Si le bateau doit couler, qu'il coule.

Le seul combat qui vaille est celui qu'on mène contre soi-même.

 


 
 
posté le 27-11-2012 à 12:05:44

Misères du militantisme

L'étymologie du mot est sans ambiguïté : le militant est une sorte de soldat ; le militantisme consiste à combattre. La critique de ce dernier n'est pourtant pas une critique du combat mais celle d'un travers dont il est fortement imprégné et qui fait selon moi le "militantisme" proprement dit, à savoir la fâcheuse tendance des individus à s'identifier à la cause qu'ils défendent.


Le militant, en général, estime indispensable de faire de son adhésion une caractéristique de sa personnalité. Conditionné par cette logique, il jugera tout individu ne s'y soumettant pas comme étant mauvais, fade ou suspect.


Ce qui est dommage dans cette attitude, c'est la certitude cachée qu'une action n'est valable que si sa cause finale implique le besoin maladif de l'ego de s'y confondre pour solutionner sa quête impossible d'identité.

Le constat est radical : le militant (personne n'est réductible à son militantisme) se soucie moins de la cause qu'il défend que de s'identifier à elle. Toute sa prétention à servir cette cause est factice. Elle n'est qu'un subterfuge de l'ego. Et si l'engagement du militant se fonde au départ sur des valeurs nobles et justes, son militantisme, lui, n'est que l'instrumentalisation de ces valeurs. Et si le combat qui est mené aboutit à des résultats tangibles, ce ne sera pas grâce au militantisme mais seulement aux actes eux-mêmes, le militantisme n'étant que la prétention égotique à contrôler et à justifier ces actes, qui n'ont besoin de rien d'autre qu'un coeur pour être motivé et qu'un corps pour être agis.


Pourquoi un constat si radical ? Parce que les mécanismes de l'ego sont impitoyablement dénaturant et que leur puanteur envahit tout. A quoi cela se voit-il ? À la façon dont le militant se représente des entités diaboliques qui sont ses ennemis. A la façon qu'il a de diaboliser un tiers, de le mépriser et de l'insulter.

Ainsi un militant qui traite de fasciste son opposant fait, non pas en acte mais en terme psychologique, exactement la même chose que celui-ci. L'anti-fasciste, de manière général, reproduit les mêmes mécanismes que ceux qu'il désigne comme fascistes : il appréhende le monde selon des représentations manichéennes qui opposent les bons et les méchants, le bien et le mal ...etc, et qui le conduisent à aimer ce qu'il aime et à mépriser ce qu'il méprise.

L'ego est un néant, une fiction qui tente d'atteindre une substance qu'il n'est pas et ne peut pas être. C'est un processus très réel qui n'est pas ce qu'il croit être. Il utilise pour cela différents mécanismes qui passent tous par la pensée. L'un de ces mécanismes consiste à opposer moi et l'autre.

Mais il y a une différence entre la distinction avérée entre deux individus et la façon dont l'ego la pense et l'interprète. Pour lui cette distinction est l'occasion de se sentir exister, à défaut d'être, et lorsqu'il appui cette distinction en diabolisant l'autre, non seulement il se sent exister, mais en plus il se convainc qu'il est lui-même infiniment bon et juste puisqu'il est l'opposé de l'autre qui est un "con".

Ce qui est compliqué, c'est qu'il y a objectivement des causes qui sont nobles et justes, et lorsque l'ego choisi ces causes-là pour opérer son affaire, il devient délicat de le mettre en doute puisque s'identifiant complètement à celles-ci, toute remise en cause est perçue comme celle de ces nobles causes.

Le militant est donc comme un chien enragé qui ne veut pas lâcher la fleur qu'il a entre les dents et qui mord dès qu'on essaye de lui expliquer qu'il est en train d'abîmer cette fleur.

Mais les chiens entre eux s'entendent merveilleusement bien. Chaque échange entre eux les confortent chacun dans l'idée qu'ils ne font qu'un avec la fleur qu'ils se sont appropriés, que cette fleur est une part de leur identité. Tout autre usage de la fleur par autrui sera perçu comme une agression puisque révélateur de la non-identité entre soi et celle-ci. Cette altérité devra alors être justifiée par un moyen très simple : le jugement radical selon lequel cet autrui n'a pas d'identité, pas de personnalité, donc qu'il est lâche et fade, ce qui ne saurait aller sans une dose de mépris et d'insultes par laquelle le chien se débarrasse sur cet autrui du poison qu'il a secrété quand cet autrui par sa posture a eu l'outrecuidance de lui démontrer que son identité était factice.



La question est alors de savoir si on peut mener des combats sans être militant. Evidemment oui, puisque c'est le cas de beaucoup de personnes qui s'impliquent dans des actes concrets et qui sont justement assez consistantes spirituellement pour ne pas être soumis au besoin impératif de se servir de la cause qu'ils défendent pour se sentir exister.

Idéalement un individu souhaitant participer à des actions collectives concrètes aura compris que le danger pour lui est d'ajouter à la bêtise de ce qu'il veut combattre la bêtise de le diaboliser.

Mais ce n'est pas simple, car l'ego en nous est un tyran très habile.

Il peut par exemple nous pousser à reproduire ce que nous dénonçons en nous faisant diaboliser et mépriser le militant.

Il y a pour se prémunir contre cela un effort à faire, qui consiste à nier le militant, c'est à dire à s'interdire de réduire une personne à son militantisme. Car en définitive, le militant n'existe pas : c'est encore une représentation que l'ego construit pour avoir quelque chose à opposer à sa facticité pour tenter de lui donner consistance. Il n'y a pas de militant, seulement le militantisme d'ego qui ne sont que des processus monstrueux à l'oeuvre dans les individus.

Le militant n'est pas un individu à mépriser, c'est une figure de diabolisation, une représentation mentale qui a pour fonction de renforcer l'ego et de le faire secréter ses poisons.


Mais la meilleurs façon de se prémunir contre tout cela reste l'amour de soi, car en définitive l'ego n'est jamais que la monstruosité qui se répand là où l'amour de soi fait défaut et laisse un vide. L'amour de soi cependant n'est pas à l'abris d'une récupération de l'ego qui se fera un devoir d'en faire sa chose, qu'il en fasse un délire mystique, une mièvrerie ou un amour narcissique. L'amour de soi est l'amour tout court qui rayonne naturellement du cœur à partir du moment où nous nous sommes libérés de tout ce qui nous conditionne à nous juger et nous dévaluer, c'est à dire la liste interminable des devoir-être et devoir-faire que notre éducation et notre appartenance socio-culturelle ont généré en nous.


 


 
 
posté le 30-10-2012 à 12:24:58

A quoi sert le journalisme?

Les spécialistes de l'information auraient-ils trop le nez dedans pour ne pas voir qu'ils ne savent plus ce qu'ils font ?

 


 

Lorsque j'allume la radio pour écouter les infos, je l’éteins deux minutes plus tard, et fulmine contre les journalistes.

Ce qui m'insupporte ? De n'entendre parler que d'argent, d'économie, d'entreprise et de politique. Pas l'once d'une information qui soit en résonance avec mon vécu d'être humain. Serais-je anormal ? Inhumain ? Attendrais-je des informations journalistiques qu'elles soient ce qu'elles ne sont pas censées être ? Qu'est-ce qui cloche ?

Posons donc la question simplement : qu'est-ce que l'information journalistique ?


Informer, c'est mettre en-forme. En biologie par exemple, l'information modifie la nature et/ou la fonction du constituant qu'elle touche. L'information n'est pas un simple renseignement, elle a pour but de formater celui qui en prend connaissance, ce qui n'est pas forcément péjoratif, mais il y a dans le concept d'information quelque chose qui s'impose, comme si celle-ci dessinait à notre place les contours externes et internes de notre monde. Informer, c'est imprimer une information, mais pas seulement sur du papier ou sur un écran, c'est l'imprimer en celui qui en prend connaissance.


Le savoir a plusieurs provenance : les écoles, les livres, les conférences, les rencontres …, mais l'information journalistique a une fonction particulière par rapport à toutes ces autres sources de savoir, elle nous renseigne sur les événements qui changent quotidiennement.

Intéressant !

Dans les civilisations où la constance était recherchée, il n'y avait pas de journalistes, seulement des courriers qui relayaient quelques informations fondamentales.

Notre civilisation ne peut pas se passer de journalistes parce que c'est une civilisation de l'agitation. Je pense bien que c'est cela qui m'insupporte. Lorsque j'allume la radio, j'ai l'impression très désagréable qu'on veut me pousser à une agitation et à un stress dont je ne veux pas. Le journal sur papier est moins agressif mais pas très différent : c'est toujours une grande quantité d'articles à lire chaque jour, rien ne nous y oblige, comme rien ne nous oblige à allumer notre radio, mais l'agitation est bien là, elle se propose comme modalité du monde et le fait est qu'elle est la modalité de notre monde politico-économique. Il faut écouter avec quelle précipitation les journalistes enchaînent leurs déclarations, comme si l'information principale, subliminale, qu'il voulait imprimer en nous, était qu'il faut se dépêcher, qu'il ne faut pas rater le train, sous peine d'être dépassé par la réalité, comme si le temps allait poursuivre sa route sans nous, comme si les informations dont ils nous gavent étaient la substance de ce temps après lequel il nous faudrait courir chaque matin.

Une question se pose : les journalistes nous communiquent-ils cette agitation parce que le monde est agité ou le monde est-il agité parce que les journalistes en sont des constituants essentiels ?

Les deux formules sont valables puisqu'elles sont interdépendantes. Notre monde moderne ne peut pas exister tel qu'il est sans journalisme. Il ne s'agit pas de savoir finalement si l'agitation du monde fait le journalisme ou si le journalisme fait cette agitation : le journalisme est constitutif de l'agitation de notre monde.


Mais qu'est-ce donc que cette agitation ? Si nous nous plaignons du fait que l'information soit trop politique et économique, n'est-ce pas parce que ce sont là les catégories de cette agitation dont le journalisme est le système sanguin ?


Et en définitive, si un être humain se demande ce que deviendrait son humanité sans cette agitation, sans le journalisme, sans politique, sans économie, sans entreprise …, il réalise qu'elle serait intacte. Je ne dis pas que tout cela ne doit pas exister, je dis que rien de tout cela n'est indispensable à notre humanité.


L'agitation à laquelle le journalisme nous conditionne nous met-elle en phase avec le réel ? Faut-il vraiment courir après le temps et les événements qui changent sans cesse ? La réalité est-elle une course à ce qui devient ?

Ce qui est saisissant, c'est d'écouter les informations diffusées il y a trente ans : même contenu politique, économique, même précipitation. Ce simple retour en arrière nous apprend un fait essentiel : l'agitation politico-économico-journalistique est virtuelle. L'agitation ne s'agite pas elle-même, elle est figée, c'est une fausse image de la réalité dont la fonction est de nous agiter nous, auditeurs et lecteurs, comme si ce monde politico-économique avait besoin pour nous asservir que nous soyons plongés dans un temps virtuel, celui d'une histoire qui suivrait son cours.


L'histoire suit-elle son cours ? Rien n'est moins certain. L'histoire est une construction mentale, une mémoire sauvegardée et re-projetée, pas une réalité objective que nous serions forcés de considérer. La politique, l'économie et le journalisme qui nous les met en scène sont les agitateurs permanents de cette histoire, de cet univers mental qui nous coupe du réel.

Progressisme, historicisme, tout cela nous a conditionné à croire que l'histoire nous menait quelque part et qu'il nous suffisait d'être les acteurs de ce devenir virtuel dicté par la pensée économique et politique.


Si nous voulons vraiment changer le monde, nous devons changer les catégories de notre entendement. Les êtres humains qui prétendent vouloir changer le monde font toujours l'erreur de l'imaginer avec ces mêmes catégories qui sont constitutives du monde dont ils ne veulent plus. Les révolutionnaires sont d'ailleurs toujours les plus accrochés aux catégories du monde qu'ils prétendent dépasser. Le communisme par exemple n'est qu'un capitalisme contradictoire, il veut ses avantages mais dans un esprit égalitariste qui les rend inaccessibles.


Travail, famille, économie, politique, information, industrie, loisir, aide, histoire, projet … autant de catégories dont il faudrait débarrasser notre entendement.

Mais qui veut assumer le changement d'identité et de conscience de soi que cela implique inévitablement ?

 


 
 
posté le 30-10-2012 à 11:51:20

La Science n'est pas scientifique

La Science existe-t-elle ? Je répondrais par l'affirmative, mais en précisant qu'elle est une institution incarnant moins une quête de connaissance qu'un projet universaliste.

La Science désigne le rêve d'un savoir universellement acceptable. En ce sens elle ne se confond en rien avec la Scientificité dont l'intentionnalité consiste à tendre vers une connaissance qui se forge à force de questionnements, d'observations et de modélisations quant à la nature et à la fonction de la réalité. La scientificité ne requiert pas en elle-même d'acceptation universelle. La rigueur et la pertinence d'une démonstration scientifique est indépendante de la quantité d'individus susceptibles de la comprendre et de la vérifier.

Le discours consensuel sur la science prétend que la scientificité d'un modèle dépend de la façon dont il est accepté par la communauté scientifique et qu'une démonstration ne vaut que si elle est reproductible en théorie par n'importe qui (sous-entendu ayant les compétences suffisantes). Un tel point de vue est plus idéologique que scientifique, car il présuppose une égalité de nature et de facultés sensorielles pour tout être humain. Il présuppose une détermination idéologique, et plus précisément matérialiste, d'un genre humain dont l'unité et la nature définitive des capacités précèderaient la démarche scientifique elle-même. Autrement dit cette idéologie prétend définir l'être humain et soumettre la démarche scientifique à cette définition. En conséquence, toute prétention de la science qui en découle à chercher à comprendre la nature humaine et à prétendre apporter des réponses à cette quête sera complètement soumise au postulat de départ qui a prédéfini les limites de ce qui pouvait être découvert.

Cet a priori matérialiste n'est pas séparable du projet universaliste qu'on appelle Science. En effet, pour pouvoir prétendre établir un savoir extérieur objectif et universel, il faut que toute démonstration soit en droit reproductible par n'importe qui, c'est à dire qu'il faut que les capacités à reproduire le protocole de cette démonstration soit prédéfinies, définitives et potentiellement identiques pour tous. Autrement dit il faut que les facultés sensorielles et les facultés d'actions d'Un Genre humain soient établies comme vérité absolu et définitive et que cette vérité soit au fondement de la Science, qui par conséquent cesse par là-même d'être complètement scientifique pour devenir l'instrument d'une volonté idéologique. Cette science n'est plus qu'un territoire fini à l'intérieur duquel la scientificité peut s'exercer authentiquement mais dont les limites contraignent cette scientificité en lui ôtant par là même son Esprit qui est d'explorer librement, sans a priori, toute possibilité.


Quelles conséquences découlent de cette prédétermination idéologique ? 


En premier lieu les facultés sensorielles et d'actions des êtres humains sont réduites à leur part indiscutablement universelle, c'est à dire leur part matérielle. Puisque ce sont les facultés des individus les plus limitées qui déterminent ce qui est le plus partagé, on convoque en toute logique ces facultés les plus limitées pour les obliger à constituer cette universalité évidente dont a besoin le projet universaliste de la Science. Il y a un glissement imperceptible de la proposition « ce qui est universellement partagé est évident » vers la proposition « il est évident que seul ce qui est universellement partagé est scientifiquement valable », cette dernière proposition étant celle dont a besoin la Science pour justifier son projet universaliste.

En second lieu, les individus qui orchestrent cette orientation idéologique peuvent affirmer que la Science est et ne peut qu'être matérialiste, c'est à dire qu'elle ne peut que répondre au comment des phénomène et en aucun cas à leur pourquoi. Cette affirmation est tout à fait légitime et cohérente à partir du moment où on a consenti à considérer comme vrais les a priori qui la précèdent : en effet dès lors que les facultés d'appréhension et d'action des êtres humains sont définis par leurs cinq sens, leur corps et leur raison, on peut établir que rien dans ces facultés ne permet d'aborder scientifiquement le pourquoi des phénomènes, ce qui est indiscutable.

Enfin, il suffit que cette orientation idéologique ait suffisamment vécu et instrumentalisé la scientificité pour que soit banalisée la confusion entre Science, matérialisme et scientificité. Au fil des années, des décennies et des siècles, la Scientificité a été si bien ficelée et conditionnée qu'il n'est plus possible de reconnaître la supercherie sans remettre en question toute entière la civilisation qui l'a abritée.


Reprenons notre propos en partant du point de vue de la Scientificité au lieu de partir de celui de la Science.

La scientificité n'a pas pour but de constituer un savoir universellement acceptable mais d'explorer la réalité sans préjuger ni de ce qu'elle est ni de ce que sont les moyens pour y parvenir. En conséquence elle ne définit aucune vérité définitive nous permettant d'affirmer qu'elle est incompatible avec la quête d'un grand Pourquoi. Ignorant par principe l'étendue des facultés d'appréhension de l'être humain, facultés qui sont à la fois sujet et objet de sa quête, elle s'interdit de leur poser des limites a priori. En conséquence, ne pouvant établir d'égalité certaine entre les facultés des divers êtres humains et s'interdisant de les réduire pour des motifs idéologiques qui sont étrangers à sa nature et à sa fonction de libre exploration, elle implique logiquement l'impossibilité pour un savoir universellement acceptable d'être constitué. Cela signifie que la Scientificité, en tant que modalité de recherche, exclue par nature la Science en tant que projet de constitution d'un savoir universel.

Car cette Science, pour exister, doit la contraindre à être ce qu'elle n'est pas, à se cantonner à des limites qui contredisent son esprit d'ouverture et d'exploration.


Commentaires

Le matérialisme scientifique est un monde en soi cohérent, c'est à dire que ses grandes orientations se confortent réciproquement pour constituer un certain type de rationalité. Son irrationalité réside moins dans ses constituants que dans les limites à l'intérieur desquelles ils se déploient.

Pour saisir pleinement cette irrationalité, il faut atteindre le constituant qui fonde tous les autres et qui n'est pas fondé par eux, le constituant qui sort du chapeau du magicien, le postulat qu'on feint d'assumer pour ne pas avoir à justifier qu'il est indémontrable, le constituant qui est le motif capable de tisser toute l'orientation idéologique pour lequel on l'a institué, le constituant qu'on met au même niveau que les autres pour cacher qu'il les fonde et qu'il n'est pas lui-même fondé.

Dans le cas du matérialisme, ce constituant fondateur est l'a priori selon lequel les facultés d'appréhension de l'être humain sont limitées, autrement dit l'idée que la Connaissance intérieure décrite par nos traditions spirituelles n'est que supercherie et que l'être humain ne peut pas "accéder" à la question du Pourquoi mais seulement avoir des « croyances » à ce sujet.

Ce constituant n'est pas prouvé par la Science, il est fondateur de la Science qui par extension ne peut pas le contredire puisqu'elle est définie et limitée par lui. La science est une création idéologique programmée pour ne pas contredire ses créateurs, pour ne pas contredire son propre programme, et pour nier qu'elle est tout cela. Le matérialiste affirme que la Science se fonde elle-même comme matérialiste, ce qui n'est pas faux si on différencie Science et Scientificité et qu'on admet que Scientificité et matérialisme sont parfaitement contradictoires.

L'a priori qui fonde la Science matérialiste n'est pas ontologique, il est gnoséologique. Il concerne moins l'être des choses que les capacités de l'être humain d'accéder à cet être. Une fois que ces capacités ont été définies dans des limites adéquates, la Science retient prisonnière la scientificité dont les succès et les absences confirment en apparence la version ontologique des limites gnoséologiques préalablement imposées. On affirme d'abord que la science est matérialiste, par un argument d'autorité, c'est à dire sans argument mais au nom de l'évidence, du bon sens, de la rationalité, pour ensuite affirmer tautologiquement, au nom d'une scientificité prise en otage et forcée de dire le réel dans les limites qu'on lui impose, que le matérialisme est scientifique.


Ce qui nous empêchera de voir clairement ce qui est exposé ci-dessus, c'est la façon dont on a imprégné la Scientificité du « projet d'un savoir universellement acceptable » au point de les avoir confondu. La scientificité est une modalité de recherche dont la spécificité consiste à établir une dialectique authentique entre le chercheur et le réel. Toute ruse méthodologique est adéquate tant qu'elle répond à cette définition, mais personne ne peut prétendre établir ni la nature définitive ni les conditions définitives de cette authenticité, c'est à dire de ces méthodologies.

Pour qu'une démarche scientifique puisse méthodologiquement aborder, ne serait-ce qu'indirectement, la question d'un Pourquoi, d'un Sens absolu, il faudrait que ce Sens émane d'une réalité objective appréhendable, et que cette réalité soit structurée par une géométrie et/ou un langage. Il n'y là rien d'irrationnel.

Ce qui est irrationnel, c'est de prétendre a priori que c'est impossible (au nom de quoi le prétend-on ? des pseudo-vérités que cette prétention génère?), ou de vouloir que ce Sens soit appréhendable par n'importe qui ou par tout le monde, ou encore de vouloir que ce Sens soit une chose matérielle extérieure. Faut-il ne reconnaître l'existence du feu qu'à la condition qu'on puisse craquer une allumette dans l'eau ?

Ce qui est irrationnel c'est d'attendre de ce Sens que sa réalité soit démontrable selon des critères matérialistes qui par essence l'interdisent. Ce n'est pas seulement irrationnel, c'est complètement idiot.

L'attitude du matérialisme consiste à s'enfermer dans un paradigme et à s'y cramponner. Tout remise en question du paradigme est soumise aux critères et conditions dictées par celui-ci, c'est à dire interdite. A l'intérieur de ce paradigme, la prétention à utiliser la scientificité pour oeuvrer à une quête de Connaissance ne peut être qu'une supercherie puisque celui-ci n'a d'autre but que de se conforter lui-même au plus grand mépris de cette Connaissance. Etre matérialiste, c'est vouloir être matérialiste avant de vouloir connaître.

C'est précisément à cause de son dogmatisme idéologique que le matérialisme avait besoin de l'appui apparent de la scientificité, pour donner l'impression que son point de vue était appelé par elle. Ainsi les matérialistes croient pouvoir prétendre qu'ils ne veulent pas être matérialistes mais qu'ils le sont parce que la scientificité l'exige, ce qui enlève au matérialisme tout le dogmatisme ridicule qui l'imprègne par essence. C'est la légitimation dont rêve toute idéologie fanatique.

Pour que cette confusion entre scientificité et matérialisme s'opère, il fallait d'abord confondre Scientificité et Science, c'est à dire obliger la Scientificité à être indissociable d'un projet de constitution d'un savoir universel qui lui est pourtant étranger.


On voit bien la critique qui sera faite d'un tel point de vue : on nous dira qu'une scientificité qui ne peut être validée par un consensus général impliquant des critères concrets ne peut avoir aucune valeur. Cela montrerait simplement à quel point nous sommes formatés par la confusion entre Science et Scientificité. Nous voulons absolument que la scientificité ait pour fonction de nous délivrer des vérités indiscutables. Seule la Science a cette fonction, ce qui a pour conséquence de lui ôter toute capacité à établir une connaissance digne de ce nom. En réalité rien dans la scientificité n'oblige des scientifiques à être compris, rien n'oblige une démonstration à être reproductible par n'importe quel scientifique puisque rien n'interdit à ceux qui l'ont faite d'utiliser des méthodologies inaccessibles à d'autres parce qu'impliquant des facultés sensorielles particulières. Il en découle qu'une démonstration ne vaut que pour celui qui est capable de la faire ou de la reproduire, et que rien n'autorise un individu à nier à un autre sa prétention à opérer une démarche scientifique, comme rien n'autorise cet autre à prétendre imposer des vérités ou à exiger d'être cru au nom de cette scientificité.


Il n'y a pas de volonté de Connaissance authentique sans renoncement à La Science.

La religion matérialiste a prétendu à travers cette Science nous imposer son point de vue. Par sa religiosité elle n'a fait que retarder l'avènement d'un monde authentiquement fondé sur la quête de connaissance, quête moins définie par ses résultats que par cette authenticité elle-même.

Pourquoi ne renoncerions-nous pas à toute religion pour que la quête de Connaissance soit enfin possible et que son mouvement perpétuel soit, à la place de toute croyance, le motif d'une nouvelle façon de concevoir la politique?

Ce qui sépare les êtres humains c'est leur absence de Volonté de Connaissance. Sans cette Volonté, nous ne sommes que des marionnettes livrées aux croyances et à leurs incohérences.

 


 
 
posté le 09-10-2012 à 15:36:52

Darwinisme et Prestidigitation

Le darwinisme est un sujet explosif dès qu'on le remet en cause.

D'un côté des individus qui nient en être les partisans puisque la théorie est pour eux vraie et prouvée par la Science.

De l'autre des individus qui souhaiteraient que la théorie soit vraiment considérée comme une simple théorie et qu'on admette que les prétendues preuves ne disent pas ce qu'on leur fait dire.

Entre les deux les créationnistes qui, avec leur irrationalité, servent de prétexte aux premiers pour nier les seconds et ne pas répondre à leurs contradictions.

 

 

La notion de darwinisme pose en elle-même une difficulté. Théoriquement le darwinisme désigne la pensée de Darwin. Le souci est que Darwin a pensé plusieurs choses, qu'il a formulé plusieurs théories qui, même si elles sont liés, sont pourtant scientifiquement distinctes.

Qu'est-ce que le darwinisme?

Est-ce l'évolutionnisme qui dit que les espèces dérivent les unes des autres?

Est-ce la sélection naturelle qui par l'avantage du plus apte à la reproduction stabilise des mutations accidentelles?

Est-ce enfin l'idée que c'est la sélection naturelle ou tout autre mécanisme "aveugle" qui est responsable de l'évolution?

 

Le darwinisme désigne les trois, mais je pense pouvoir affirmer qu'il désigne surtout la troisième formulation qui intègre les deux premières.

La difficulté est que souvent on croit dans un parti comme dans l'autre qu'il faut nier l'évolution ou la sélection naturelle pour contredire Darwin, ce qui est complètement faux.

 

 

 

Ce qu'il est fondamental de comprendre, c'est que le darwinisme, en tant qu'idée selon laquelle l'évolution a lieu par le biais de mécanismes aveugle, est la pierre angulaire du matérialisme. Si ce darwinisme est ou était réellement démontré, cela prouverait définitivement que l'univers ne contient pas d'Ordre au sens d'une Finalité. Cela prouverait donc que le matérialisme est vrai.

 

La question fondamentale est la suivante : qu’est ce qui nous prouve que le matérialisme est vrai ou qu’est-ce qui fonde l’affirmation qu’il est vrai ? […] La science donc, mais une seule science : la biologie et, spécialement, la théorie de l’évolution. La physique, en effet, n’impose qu’un réalisme de l’objet physique : c’est la thèse de l’indépendance de la matière par rapport à la pensée, que tout savant postule dès lors qu’il admet qu’il y a un univers à connaître […]. Seule la biologie, à travers son prolongement jusqu’à l’Homme, se prononce sur le rapport de la pensée à la matière et c’est là que se joue, en toute rigueur, la question du matérialisme. Précisément, elle impose désormais la thèse de la dépendance essentielle de la pensée vis-à-vis de la matière : la pensée est un produit de la matière parvenue, à travers l’évolution, à un très haut degré de complexité et donc elle n’en est qu’une forme.

 Yvon Quiniou, Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences. 

 

Nous l'avons bien compris, les matérialistes sont bien convaincus que de telles preuves existent et que leur point de vue est vrai. Quand on interroge les darwinistes à ce sujet, les preuves sont innombrables. De leur point de vue, les contradicteurs ne peuvent donc qu'être des imbéciles superstitieux, incapables de différencier un raisonnement scientifique d'un dogme religieux.

 

Par conséquent ils n'estiment ni nécessaire ni honorable de supporter la contradiction sur un plan d'égalité.

Lorsque les matérialistes défendent leur point de vue, ce n'est jamais au regard d'une quête de vérité mais sous le regard de religions qu'ils méprisent ou qu'ils adoptent mais qui curieusement les obsèdent au plus haut point.

 

Le problème, ou plutôt le bonheur, c'est qu'il existe une multitude de gens sur cette planète qui ne sont ni religieux, ni créationnistes, ni superstitieux, et qui demandent simplement qu'on respecte leur curiosité légitime et rationnelle face à la possibilité que l'univers soit porteur d'une Finalité.

Ces gens là ne sont pas plus idiots que d'autres, et comme ils entendent les matérialistes prétendre qu'ils détiennent la vérité et qu'une telle Finalité n'existe pas, ils estiment que la moindre des choses est de prendre connaissance de ces preuves.

En effet la question de savoir si une Finalité existe ou non est une question grave, même si tout dans notre société semble fait pour nous le faire oublier.

 

Je fais parti de ces gens qui préfèrent la recherche de la vérité aux dogmes qui l'assassinent. J'ai donc pendant des années lu, observé et analysé cette prétention des darwinistes/matérialistes et la valeur de leurs preuves.

Et j'en suis arrivé à la certitude qu'ils ont vraiment un gros problème. Pour moi il ne fait aucun doute qu'ils font preuve d'une irrationalité de type religieuse, accusation qui n'est pas si simple à assumer puisque la plupart des intellectuels, des enseignants et des médias sont soumis à la cause darwiniste, trop lâches pour risquer de subir la dévaluation systématique à laquelle tout contradicteur est soumis.

 

L'irrationalité de la prétention darwiniste est flagrante pour qui décide de la voir, mais qui ose le décider?

Qui parvient à sortir indemne du conditonnement culturel qui nous force à opposer matérialisme et spiritualisme pour nous empêcher de penser et de questionner véritablement, pour empêcher la Science d'être l'institution ouverte et intrépide qu'elle a été et qu'elle n'est plus?

 

Il y a une démonstration de l'irrationalité du darwinisme, mais cette démonstration a tendance à se noyer dans la somme colossale de données que les différentes sciences ont collectées autour de la question de l'évolution.

Je vais donc me contenter de vous donner la clef de cette démonstration que vous ne pourrez faire qu'en vous confrontant vous-mêmes aux données fournies par les darwinistes. Cette démonstration est moins une équation définitive qu'une équation à confronter à chaque publication ou affirmation rencontrées.

 

La clef de la démonstration est assez simple : si vous reprenez les trois propositions citées plus haut,

1 - l'évolution

2 - la sélection naturelle

3 - la sélection naturelle fait l'évolution,

n'oubliez jamais que ces trois propositions sont distinctes et qu'elles requièrent chacune des preuves différentes, que les preuves de l'une ne valent pas pour les autres.

Une fois que vous avez bien intégré cela, lisez ce que racontent les darwinistes et analysez la structure de leurs démonstrations.

Vous réaliserez alors qu'ils apportent des tonnes de preuves de la première et de la deuxième proposition, et absolument aucune de la troisième.

Vous réaliserez surtout qu'ils font passer les preuves des deux premières pour des preuves de la troisièmes, qu'ils passent leur temps à noyer le poisson en utilisant le fait que nous sommes impressionnés par les preuves qu'ils apportent et qui ne sont pas les bonnes.

 

 

 

 

Que ce soit dans les livres ou les documentaires, le scénario est toujours le même, l'ordre des phases pouvant changer :

 

a) On vous pose un problème, l'apparition des espèces, en donnant l'impression de le formuler rationnellement et sans a priori. C'est à ce stade qu'on devrait vous expliquer qu'il y a trois théories, reliées mais différentes et requérant des preuves distinctes, mais on ne le fait jamais.

 

b) Ensuite on vous parle des controverses, on évoque sur des tons variés le fait qu'il y a des contradicteurs, qu'il y a des désaccords. C'est pour faire contraste avec ce qui suit.

 

c) La phase suivante consiste en un bombardement de preuves. Lors de cette phase, la plus longue, le lecteur ou le téléspectateur est littéralement saisi par l'abondance des preuves et l'ampleur de l'entente entre scientifiques. Il est pris de fascination pour cette science si prodigue. Cette phase n'est pas rationnelle, elle est émotionnelle, car tout le monde se fait avoir : personne ne se rend compte que les preuves présentées ne répondent pas à la vraie question qui n'a pas non plus été posée, c'est à dire que toutes les preuves sont en faveur de l'évolution et de la sélection naturelle et qu'aucune ne prouve que la sélection soit le moteur de l'évolution.

 

d) Et presque à la fin du livre ou du documentaire, on vous assène un "donc le darwinisme est indiscutable" sous-entendu "ses contradicteurs sont des crétins".

 

e) La dernière phase est la touche finale de la manipulation : on vous ressort l'évocation des créationnistes les plus stupides pour les mettre en contraste avec la somme de preuves scientifiques précédemment déballée. Surtout on vous fait croire que ceux qui contredisent le darwinisme sont créationnistes ou aussi stupide qu'eux. Jamais les darwinistes n'évoquent la somme probablement non négligeable de scientifiques et de chercheurs de toutes disciplines qui contestent le darwinisme. Jamais il ne vous diront que ces gens là pour la plupart se taisent parce qu'ils tiennent à garder leur respectabilité et leur emploi, parce qu'ils se sentent impuissants face au processus de dévaluation systématique qui a été mis en place par les darwinistes.

 

Pour compléter la clef de la démonstration que vous pouvez maintenant vous faire à vous même, retenez que tout se joue sur la question du passage entre micro-évolution et macro-évolution et sur la définition arbitraire de l'espèce.

 

La micro-écolution, c'est ce que la science a mille fois démontré. C'est la façon qu'a la sélection naturelle d'engendrer des modifications au sein d'une espèce mais sans modifier l'espèce proprement dite : les tonnes de preuves qui s'accumulent depuis Darwin sont de ce type. On vous démontre comment la sélection naturelle transforme un pigeon en pigeon, un cheval en cheval, une mouche en mouche ... etc.

 

 

 

 

La macro-évolution, c'est la façon dont une espèce se transforme en une autre espèce. C'est là que les données font totalement défaut, faisant du darwinisme une simple théorie qui patauge depuis plus d'un siècle.

Je ne dis pas que la macro-évolution n'est pas un fait. Je dis que la science ignore totalement comment cette macro-évolution se produit.

 

Il y a plusieurs façon pour les darwinistes de contrer cet inconvénient.

On vous explique d'abord qu'il est difficile de démontrer que c'est bien un mécanisme aveugle qui opère la macro-évolution, puisqu'on ne peut pas observer cette transformation qui a forcément lieu sur de très longues périodes, mais ensuite on vient vous assurer que c'est quand même prouvé. Pourquoi? et bien parce que le darwinisme est vrai pardi! quelle question? vous n'êtes pas créationniste tout de même?

 

Le moyen le plus sur pour eux d'éviter cet inconvénient est de nier tout bonnement la distinction entre micro et macro évolution : ainsi le problème disparaît.

 

Sinon, il reste la possibilité de manipuler la définition de l'espèce, définition qui fait controverse : si une mutation engendre un critère qui permet officiellement de dire qu'il y a nouvelle espèce, on saute sur l'occasion. Ainsi si un félin engendre un félin avec lequel il n'est pas inter-fécond, on prétendra avoir la preuve que la sélection naturelle permet de passer d'une espèce à une autre, (c'est à dire en fait d'un félin à un autre), et donc la preuve que c'est bien un mécanisme aveugle qui a transformé la souris en baleine.

 La mauvaise foi n'a pas de limite quand on détient la vérité. 

 

 

 

 

Une dernière méthode existe, qui est très en vogue aujourd'hui : la manipulation génétique. On modifie la structure génétique d'une espèce pour observer que des ailes lui poussent alors qu'elle n'est pas censé en avoir. Les créationnistes devraient être contents, car tout ce que ça prouve, c'est qu'une manipulation intentionnelle est nécessaire. La nature n'est vraiment pas sympa avec les darwinistes.

 


 

Notons à ce sujet que les matérialistes adorent citer Popper pour dire qu'une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable, mais ils le taisent quand il s'agirait de faire observer que de quelque manière qu'on la prenne, la théorie darwiniste semble effectivement irréfutable parce qu'indémontrable : comment pourrait-on prouver l'in-intentionalité d'un processus par des expériences par définition intentionnelles?

 

Il est très important de comprendre que ni l'évolutionnisme ni la sélection naturelle appliquée aux micro-évolutions ne constituent le moindre inconvénient pour la possibilité qu'un "ordre intelligent" participe à la formation des espèces.

Les darwinistes et les créationnistes s'entendent très bien pour laisser courir cette idée absurde.

 

Dans le même registre, il est très important de comprendre que les darwinistes et les matérialistes, comme les créationnistes, font en général l'erreur de croire que la notion d'un "ordre intelligent" implique que cet ordre aurait eu la création des espèces comme but suprême, ce qui est également absurde. Si ordre intelligent il y a, il est évident que pour lui le monde matériel avec ses règnes et ses espèces n'est qu'un moyen en vu d'une finalité qui les dépasse, et qui comme le décrit Hegel aurait probablement à voir avec un processus d'auto-création d'une substance éternelle.

Ceci est important car c'est à partir de cette compréhension que l'on peut saisir que l'intervention partielle du hasard dans les mécanismes de l'évolution ne met pas en cause l'idée d'un ordre intelligent.

Les matérialistes croient qu'à partir du moment où ils ont observé du hasard ou de la violence dans un phénomène, cela prouverait qu'il n'y pas d'ordre : c'est très mal raisonner.

 

Personnellement il me semble évident que les espèces dérivent les unes des autres. La simple observation de la diversité et de la nature des espèces tend à le montrer, mais j'ai surtout un argument logique fort : une intelligence créatrice manquerait d'intelligence de se donner la peine de créer de nouvelles espèces à partir de rien quand elle pourrait le faire à partir d'espèces existences en agissant sur la structure de l'ADN!

 

  

 

La sélection naturelle est-elle à mettre en cause?

Le fait qu'il y ait des mutations génétiques provoquant des micro-évolutions n'est pas contestable. Par contre le fait qu'un nombre extrêmement limité de mutations génétiques soit viables nous autorise-t-il à considérer, parce que ça arrange les matérialistes, que ces mutations viables sont du même ordre que celles qui ne le sont pas, c'est à dire des accidents?

Plus globalement rien ne prouve que la sélection naturelle soit réellement un moteur de l'évolution, c'est à dire de la macro-évolution.

En fait à chaque fois que se joue ce qui pourrait constituer une preuve du darwinisme, les faits font défauts et on peut observer que les darwinistes nient aveuglément le fait parce qu'ils sont a apriori absolument convaincu que le darwinisme ne peut pas ne pas être vrai.

Ce ne sont pas les preuves qui prouvent la théorie, c'est la théorie, considérée a priori comme vraie, qui prouve les preuves.

 

Lorsque j'ai lu l'origine des espèces de Darwin, j'ai soudain compris devant tous les faits rapportés que cette sélection naturelle avait une fonction évidente : permettre aux espèces de s'adapter aux changements de conditions matériels qui sont inévitables. Je veux dire qu'il est évident que sans la sélection naturelle les espèces ne pourraient pas survivre. Au moindre changement de conditions important, elles disparaîtraient. C'est à dire que si une intelligence créatrice était derrière le surgissement des espèces, elle ne pourrait pas ne pas inclure la sélection naturelle dans son ordre créateur. Croire que la sélection naturelle en elle-même met à bas la possibilité d'une intelligence créatrice, c'est encore absurde.

 

La situation véritablement scientifique, c'est que visiblement les espèces dérivent les unes des autres, mais que nous n'avons pas la moindre idée de comment cela se produit. Pour le savoir il faudrait que la science puisse faire des recherches dans d'autres direction que celles qui lui sont dogmatiquement imposées par le darwinisme et qui ne mènent qu'à une accumulation de preuves qui ne sont pas les bonnes.

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. KAFF  le 09-10-2012 à 17:25:56  (site)

Sinon, tu as un but dans la vie ?

 
 
 
posté le 08-10-2012 à 17:10:23

Laïcité, arnaque idéologique

Je suis en profond désaccord avec la posture de la laïcité et je vais m'en expliquer dans cet article. Ce n'est pas sa cohérence interne que je critique mais le cadre qu'elle représente et qu'on finit par ne plus voir.

 

 

  

La critique que je fais à la laïcité est structurellement la même que je fais au matérialisme, et elle consiste justement en ce que je lui reproche d'être au service de ce courant, ce qui historiquement s'explique par le fait qu'elle est le produit de loges maçonniques matérialistes qui prétendent sauver le monde à partir de points de vus qui ne sont que les leurs.

 

La laïcité met à l'honneur la distinction entre un espace public et un espace privée. On peut interroger la légitimité d'une telle distinction. A priori la majorité des cultures présentes et passées ont établi naturellement une distinction de ce genre, ce qui tend à montrer qu'elle tend à être naturelle.

Ce qui pose plus de question par contre c'est la répartition de ce que l'on met dans chacune des parties et surtout le motif pour lequel on effectue cette répartition. Dans la plupart des cultures cette distinction public/privée n'est que le reflet de la distinction extérieur/intérieur, le reflet du besoin d'intimité des individus ou des familles. Avec la laïcité, et plus globalement la démocratie, cette distinction acquière soudain une fonction politique : elle va servir à régler un problème, et pour cela "on" va décider politiquement de ce qui doit être privée et de ce qui doit être public.

 

A ce stade-là deux erreurs se produisent :

La première est la prétention d'instituer dans l'espace public une neutralité qui est impossible et qui devient une chose idéologique mortifère.

La seconde est qu'en congédiant tout ce qui est du côté du spirituel et du spiritualisme dans la sphère privée, on condamne potentiellement toute spiritualité à un statut annexe s'inscrivant dans une réalité globale dont la vérité prédomine, autrement dit on enlève à la spiritualité sa fonction essentielle de structuration de la réalité.

 

Ces deux erreurs ont exactement la même conséquence : l'établissement d'un monde matérialiste.

 

Reprenons successivement chacun de ces deux points.

Qu'est-ce que le matérialisme? c'est une question vaste et complexe que d'autres articles aborderont dans ce blog, mais admettons qu'il consiste en une simplification de la réalité. On prétend ôter à celle-ci tout ce qui semble de trop aux yeux de certains. Le matérialisme ne défend pas l'existence de réalités que certains mettent en doute, il s'en tient à ce qui est évident pour tout le monde, c'est à dire au monde des cinq sens et à tout ce que les sciences qui sont le prolongement de ces cinq sens peuvent établir comme modèles.

Les matérialistes se considèrent eux-mêmes comme non dogmatiques au prétexte qu'ils s'en tiennent à ce qui est incontestable. Sauf qu'ils sont incontestablement dogmatiques dans l'exclusion qu'ils imposent à ce qu'ils contestent. Ils prennent leurs oeillères pour la réalité et imposent plus ou moins consciemment leurs évidences à tout le genre humain.

 

Maintenant, si on compare le matérialisme à la conception laïciste de la neutralité, on réalise que les deux coïncident parfaitement, que le matérialisme possède à l'évidence une apparence de neutralité puisqu'il n'impose rien d'autre qu'une absence ou une négation de certaines réalités éprouvées par d'autres. Si le matérialisme est dogmatique, c'est bien par défaut et non par excès.

 

Or quand la laïcité prétend instaurer un espace public neutre, elle ne fait qu'instaurer un espace public matérialiste. Le contenu du matérialisme en soi ne divise pas les êtres humains puisque ce contenu se réduit au minimum sur lequel tout le monde s'accorde.

Le matérialisme n'étant finalement qu'une forme de religion de l'absence de Sens, la prétendue neutralité de la laïcité n'est qu'une vaste arnaque. On nous a imposé une religion (matérialiste) à la place d'une autre (spiritualiste), mais surtout au dépend de ce qui aurait du idéalement se substituer aux religions, à savoir le questionnement spirituel et philosophique.

Comment s'étonner alors que notre pays vive une crise de Sens, lui dont l'espace global est politiquement programmé pour être vide de Sens, c'est dire mortifère?

 

 

 

 

 

Nous rejoignons là la seconde erreur de la laïcité : l'idée que le questionnement spirituel ne soit que la sous-catégorie d'une réalité établie, définie et incontestable, et qu'elle mérite à ce titre d'être placée dans la sphère privée, la sphère d'une subjectivité qui est a priori considérée par le matérialisme comme étant moins réelle que la "matière", ce que le surréalisme a justement combattu avec acharnement.

Pour être juste il faut revenir au sens de la laïcité : empêcher les conflits communautaristes et protéger la liberté des individus de tout pouvoir abusif. Il est indéniable que le questionnement spirituel tend à l'échelle collective à être complètement parasité par des idéologies et pouvoirs religieux, spiritualistes ou sectaires. Et il est indéniable que la laïcité a efficacement géré cet enfer en ôtant à l'espace public de ces influences.

 

Mais en le gérant elle ne l'a pas résolu, elle n'a fait que reporter le problème.

La vraie question n'était pas de savoir comment mettre au second plan tout ce qui déborde le matérialisme, mais de savoir pourquoi la question naturelle et légitime du Sens de nos vies était récupérée, dénaturée et bafouée par les religions, et pourquoi elle était niée par le matérialisme.

Pourquoi les religions sont-elles dogmatiques et formalistes?

Sont-elles réellement spirituelles?

Leur formalisme ne fait-il pas d'elles des formes de matérialismes?

Et si les oppositions entre religions d'une part et entre matérialisme et spiritualisme d'autre part n'étaient que des mises en scènes à l'intérieur d'un vaste matérialisme qui serait comme un processus historique de chosification, de réification, dont la finalité s'opposerait aux besoins et aux capacités des êtres humains d'appréhender des facettes de la réalité porteuses de Sens, c'est à dire d'une toute autre finalité?

 

Revenons quelques siècles en arrière. La religion domine ; elle s'accorde assez bien avec le royalisme. Puis viennent les lumières, l'humanisme, la science, les révolutions politiques et industrielles, la laïcité ... etc. Or tous ces mouvements qui vont progressivement réduire à néant le pouvoir religieux sont très fortement imprégnés de matérialisme, et sous couvert de défendre une liberté qui en fin de compte n'est qu'une liberté matérielle profane, l'histoire a simplement remplacé une religion spiritualiste par une religion matérialiste.

A-t-on réellement progressé? la question est trop complexe pour mériter un oui ou un non catégorique.

En tout cas le mal a changé de forme. Selon moi il est même plus pervers parce que le matérialisme nie être une religion et qu'il s'est si bien confondu avec la réalité que les individus n'ont même pas conscience d'être modelés par lui et d'être privés d'une multiplicité de possibles. Ils consentent à concevoir la spiritualité comme un additif à une vie matérialiste toute puissante. Autant dire que la spiritualité authentique a très peu de réalité, même si des bouleversements considérables sont en marche à ce niveau.

Tout ce qui semble a priori relever du progrès depuis la chute des royalismes et des religions en Europe est peut-être contestable. Nos corps ont gagné en sécurité, en confort et en liberté, mais qu'en est-il de nos âmes et de nos esprits?

Certes il y a la liberté d'expression, l'éducation et l'accès à la culture, mais que vaut la liberté d'expression d'individus qui ont perdu leur Conscience? que vaut l'éducation d'individus qui ne peuvent et ne veulent rien d'autre que travailler, consommer et mourir? que vaut l'accès à la culture et à l'information dans un monde qu'on a vidé de tout Sens?

Que valent tous les progrès effectifs de ces derniers siècles quand le matérialisme qui les a accompagné a parachevé la négation du Sens qu'avait préparé la religion?

Que valent-ils quand la liberté spirituelle avec laquelle l'Eternité nous a façonné est devenue une liberté de croire qui n'est qu'une sordide permission de cultiver l'ignorance et la bêtise?

 

Une réponse possible à ma critique.

On pourrait me répondre, entre autre, qu'il y a une situation concrète, qui est qu'il y a des religions, donc des religieux, et que sans la laïcité ce serait le bordel, autrement dit que ma critique est une posture philosophique abstraite politiquement inadéquate à la réalité effective du moment.

Je dirais alors que je suis d'accord, que mon contradicteur a d'une certaine façon raison, mais que c'est là justement le piège.

Ce que j'appelle le Théâtre est un monde dans lequel nous nous sommes piégés ou fait piéger. Le piège consiste en ce que justement nous sommes pris concrètement dans des situations que nous sommes apparemment obligé de perpétuer et de nourrir. A chaque fois qu'on veut inviter les êtres humains à sortir du Théâtre, l'argument de la situation concrète vient toujours signifier que cette sortie est imposssible, abstraite, déraissonnable ou que sais-je.

 

Il y a un saut à faire. En ce sens je m'oppose radicalement à ce que j'appelle le paradigme machiavélien qui consiste à suivre le courant d'une situation donnée. Je suis plutôt platonicien, c'est à dire que je m'efforce dans un premier temps de penser un idéal sans tenir compte de la situation, pour ensuite prendre acte du décalage entre cet idéal et la situation, ce qui est une autre façon d'être réaliste. Mais ce décalage ne me fait pas fléchir. Si tout le monde en faisait autant le monde changerait, sauf que la majorité des gens veulent rester dans le Théâtre. Si c'est leur volonté, qu'ils y restent. Personnellement je fais ce que j'estime devoir faire. Le Théâtre n'est pas la réalité. Quand on me dit que je ne suis pas dans la réalité je rétorque qu'au contraire j'y suis pleinement, que c'est le Théâtre et ses occupants qui n'y sont pas. Les préoccupations politiques officielles du genre "rapport entre islam et laïcité" paraissent très sérieuses et très réelles, mais c'est uniquement parce qu'on en a fait une pièce de théâtre. Qu'une catastrophe naturelle ou nucléaire viennent refroidir un bon coup l'ambiance, les gens se retrouveront face à la réalité et ils comprendront qu'ils en ont rien à faire du rapport entre laïcité et islam, que cette préoccupation n'était que le reflet d'un rapport étroit et mesquin à la réalité.

L'espace véritable n'est pas l'espace prétendument neutre de la laïcité. C'est l'Espace infini et lumineux qui nous fait prendre conscience de la mesquinerie de nos préoccupations existentielles. La politique ne doit pas être un moyen de gérer le désordre engendré par notre mesquinerie. Elle doit être le reflet naturel de l'ordre qui se révèle quand on a abandonné cette mesquinerie.

 


 
 
posté le 05-10-2012 à 13:06:13

Les indignés m'indignent

Au début de l'été 2011, je passais près d'une place de la grande ville qui est la plus proche de chez moi, et je fus interpellé par des pancartes rédigées "à l'arrache" et que leur auteurs, des indignés, accompagnaient de leur présence.

 

 

 

 

 

 

D'abord je ne m'arrêtai pas, par habitude d'être méprisant, mais soudain une pensée me fit me stopper net.

Je me suis dit "mon gars, tu es révoltés par tout, et le jour où des gens comme toi font enfin quelque chose ensemble et en public, tu les méprises pour aller continuer à faire la gueule dans ton coin?".

Non! impossible. La moindre des choses est d'aller tâter le terrain, de discuter et pourquoi pas de participer.

Résultat : pendant deux mois j'ai passé toutes mes soirées et mes week-end sur cette place.

Expérience fabuleuse que je ne regrette pour rien au monde, ce qui ne signifie pas que je ne pense aujourd'hui que du bien des indignés.

Je vous fait un petit compte rendu avec commentaires :

 

Ce qu'il y avait de vraiment nouveau.

Le principe général était de s'unir dans la rue pour manifester son indignation mais sans préjuger de ce qu'était l'indignation de chacun, et sans aucune adhésion à un quelconque militantisme.

Les limites à cette libéralité étaient que le mouvement se disait citoyen, non violent, et que drogue et alcool étaient exclus.

 

 

 

 

 

Rien de vraiment contraignant mais surtout rien d'idéologique, le côté "citoyen" étant par lui-même suffisamment abstrait pour ne pas peser très lourd.

 

De tels principes étaient extra à vivre car on pouvait décider d'être soi-même, de venir avec son expérience, ses pensées et de les assumer dans la mesure où on ne les imposait pas aux autres. Chacun pouvait théoriquement être "lui-même" sans que personne ne prenne de pouvoir. Le mouvement avait un effet déshinibant étonnant que j'explique par la diversité des participants : des individus de toute sorte, pas de conformisme possible et du coup la question permanente de ce qui nous réunissait. Question pas évidente et certainement pas résolue.

Il suffisait d'être là.

 

 

 

 

 

Les leçons :

J'ignore si les innombrables personnes qui ont croisé cette place sans nous rejoindre ont compris cela, qu'il suffisait d'être là sans adhérer à quoi que ce soit, ou si elles ne voulaient fondamentalement pas que les choses changent.

Toujours est-il qu'elles m'ont appris une chose importante. La plupart d'entre elles tenaient à peu près ce discours : " je suis d'accord avec vous, mais les autres ne vous suivront pas". Phrase extraordinaire, qui dit toute l'impuissance politique à laquelle on nous a réduit. Pour toutes ces personnes qui soutenaient notre mouvement sans le démontrer, qui donc ne le soutenaient pas, il n'était concevable de participer que dans la mesure où un mouvement de masse se serait constitué avant qu'elles-mêmes ne se décident, autrement dit il n'était pas question pour elles de prendre le risque de faire partie d'une minorité. Avec une telle logique, on peut donner raison aux analystes qui expliquent que les révolutions n'ont jamais lieu que sous la contrainte de la faim. Je tiens loin de moi tout le mépris que cela m'inspire. Si c'est la faim qui provoque les révolutions, alors les révolutions n'existent pas. Ou bien les êtres humains n'ont pas d'esprit, ou bien les esprits sont impuissants et nous ne sommes collectivement que des pantins, ballotés par le courant d'un fleuve et vaguement dirigés par leurs estomacs.

 

Pour le coup toutes ces personnes avec qui je tenais le soir cette place des indignés m'inspiraient une grande et naïve sympathie ...

 

... jusqu'à ce que l'observation de leur actes et de leurs comportements laisse place à une grande désillusion.

 

 

 

 

 

Je m'étonne qu'à chaque fois que des êtres humains se rassemblent pour protester, ils organisent des AG (pour les martiens, AG = assemblée générale). C'est le genre d'automatisme que mon esprit anti-conformiste aime réduire en compote. Et voilà nos petits révolutionnaires qui se mettent à agir comme des machines programmées par l'idéologie démocratique : BIEN = démocratie = AG = vote.

Vous vous rappelez : il suffit d'être là!

Apparemment pour beaucoup ça ne suffit pas, ils ne se sentent pas assez exister, il faut qu'ils fassent quelque chose qui ait l'air vrai, qui fasse pro, volontaire. Et si on faisait des AG tous les soirs?

Qu'on se rassemble de temps en temps pour se dire des choses, c'est très bien et même nécessaire, mais le faire systématiquement et appeler ça AG, je flaire le danger.

C'est bien senti, car très vite il est question de vote. Il paraît que des décisions collectives s'imposent. Au fil des semaines le souffle de liberté des débuts s'estompe. Est-ce parce que beaucoup des participants n'ont pas ce souffle en eux et qu'ils ne font que simuler sans même le savoir, ou est-ce à cause des AG dont les participants (dont je ne suis pas) se font manipuler, retourner et abrutir à force de se soumettre à la prétendue nécessité de voter?

Le vote est un outil idéologique très efficace : le principe est de soumettre une question à l'alternative oui ou non en faisant disparaître le fait que la question est mal posée et que les réponses sont réductrices. C'est l'art de faire fonctionner les individus sur un mode binaire, comme les ordinateurs, pour les empêcher de penser en poète et en artiste, c'est à dire de penser vraiment.

 

 

 

 

 

Il suffisait d'être là, bordel! il suffisait d'étaler quelques couleurs sur des morceaux de carton. De l'art maladroit comme hymne à la vie. Plusieurs centaines de personnes s'improvisant artistes pour dire avec le coeur leur envie d'un autre monde. Au lieu de cela, 5 personnes sur 300 ont pensé à amener des couleurs. Les autres n'y pensaient même pas, ils se contentaient de slogans. Des machines réclamant la justice et se plaignant du mal qu'il y a dans le monde. Le mal, c'est à dire tout ce qui est vaguement du côté de l'argent et du pouvoir, une région obscure et flou dont la seule chose certaine est qu'elle se tient à l'extérieure, quelque part mais pas ici, pas "en moi".

 

N'est-ce donc pas un fait évident que ce que je suis dans mes rapports avec autrui crée la société et que, si je ne me transforme pas moi-même radicalement il ne peut y avoir aucune transformation dans la fonction essentielle de la société ? Lorsque nous comptons sur un système pour transformer la société, nous ne faisons qu'éluder la question ; un système ne peut pas modifier l'homme, c'est l'homme qui altère toujours le système, ainsi que le démontre l'histoire. Tant que dans mes rapports avec vous, je ne me comprends pas moi-même, je suis la cause du chaos, des malheurs, des destructions, de la peur, de la brutalité. Et me comprendre n'est pas affaire de temps ; je puis me comprendre en ce moment-même. Si je dis : je me comprendrais demain, j'introduis le chaos, mon action est destructrice.


Krishnamurti, La première et dernière liberté 

 

Et voilà le motif principal de mon abandon de ce mouvement : l'incapacité maladive d'une majorité des participants à comprendre que l'injustice vient de chacun de nous, de la nature-même du monde et de l'identité que nous construisons, et qu'il n'y a aucune justice possible sans une confrontation de l'homme avec lui-même, avec son intériorité mise à nue. Pour cette majorité même la pourriture de ceux qui nous dominent par l'argent n'est pas à mettre en cause. Bien sûr que non puisque remettre en cause un être humain, c'est remettre en cause tout être humain et c'est donc se remettre en cause soi-même. Voilà nos petits révolutionnaires incapables de regarder le mal en face, c'est à dire de se regarder eux-mêmes.

 

 

 

 

 

Je les soupçonne d'éprouver secrètement une formidable haine pour la philosophie et pour tous ceux qui s'y adonnent. Ils y voient probablement la manifestation d'une attitude prétentieuse et stérile.

Quand à la spiritualité, n'en parlons même pas, c'est forcément "secte et compagnie".

J'ai pu voir comment certains se sentaient convaincus d'avoir le don inné de la compréhension des choses et de la nature du Bien absolu. Beaucoup sont anti-fascistes, trop certains de leur bonté pour s'apercevoir que l'anti-fascisme n'est rien d'autre que du fascisme mis dans l'autre sens, autrement dit que derrière les apparences c'est la même chose. Quel néant faut-il avoir en soi pour croire fabriquer du Bien en prônant juste le contraire d'un mal désigné?

Ces anti-fascistes n'étaient pas pour rien dans la mise en place des AG. Militants dans la peau, ils ont le sens de l'organisation, de la décision et savent causer. Mais ce qui est intéressant c'est que malgré leur mépris du pouvoir, ils font preuve d'un conformisme qui génère des formes subtiles de pouvoir. Par exemple j'ai vu comment les AG ont fait fuir les plus authentiques des indignés (c'est à dire les moins militants) et comment elles ont fini par constituer un petit groupe d'individus qui en tant que groupe, et sans qu'aucun individu ne prenne le pouvoir, s'est auto-proclamé pouvoir du mouvement, et s'est finalement complètement identifié au mouvement lui-même, ne tenant absolument pas compte du fait que leur façon d'agir et de penser ne convenait pas à des tas de gens qui du coup se barraient.

 

L'autre facette de ces événements, ce sont ces autres qui ont progressivement quitté le mouvement par incapacité à comprendre et à s'opposer au militantisme subtil qui le gangrenait. Au lieu de penser et d'agir en conséquence, ils se sont d'abord soumis, trouvant les AG formidables et y participant, puis sentant que quelque chose leur déplaisait, mais refusant de l'affronter, ils s'en allaient. J'ai été assez peiné de voir que ces individus là, dont je fais plus ou moins partie, ce sont révélés incapables de s'unir, comme si la seule alternative était de se soumettre à la tendance militantiste ou de s'en aller, comme s'il ne parvenaient pas réellement à penser, imaginer et réaliser une manière collective d'être AUTRE, comme s'ils ne réalisaient pas et n'assumaient pas le fait qu'ils pouvaient décider de ce qu'était pour eux le mouvement des indignés sans adhérer à un mouvement extérieur, qu'il suffisait que chacun soit là avec ses capacités et son coeur, qu'il y avait en nous tout ce qu'il fallait pour que les événements s'harmonisent naturellement.

 

 

 

 

 

Les indignés existent toujours. Ceux qui sont restés ont probablement assez de points communs pour se supporter. Ils croient certainement qu'ils sont les plus fidèles au mouvement, mais le mouvement qu'ils perpétuent n'est pas celui auquel j'ai voulu participer. Ils ont créé un beau site internet, rempli de belles intentions, ils sont bien intégrés par le "système"...

 

...et pas une ligne sur l'idée que l'être humain puisse et doive remettre en cause sa nature, que le mal soit à la fois individuel et collectif, intérieur et extérieur.

 

Avant de chercher à savoir quel est le but de la vie, et ce que signifie ce monde chaotique d'antagonismes nationaux, de conflits, de guerres, nous devons commencer par nous-mêmes.

Krishnamurti, La première et dernière liberté 

 

On ne croit pas à la remise en cause de l'être humain, donc on met cette question de côté et on cherche des solutions extérieures, qui par définition n'aboutirons jamais à rien. C'est cela le Théâtre, la perpétuation d'une mise en scène absurde.

 

Les indignés? une belle expérience qui m'a enseigné plein de choses et qui m'a conforté dans ce que je pensais déjà :

Les êtres humains globalement ne sont pas prêts à changer, et ils risquent de morfler quand ils en seront contraints par les événements.

La vraie politique n'est pour l'instant pas celle qui se joue dehors, mais celle qui se joue en dedans de nous.

Les vrais héros politiques sont tous ces individus qui dans l'ombre de leur solitude s'efforcent de cheminer spirituellement, et vont vers la compréhension du fait que le nouveau monde est celui des êtres qui ont renoncés à leur passé et leur fausse identité, et qui embrassent les résonances infinies qui nous enveloppent.

 

Mais que savez-vous ? Vous ne connaissez que ce qui est déjà déterminé, déjà conclu. Vous ne connaissez que ce qui est d'hier, et nous disons : commencez par ce que vous ne connaissez pas, et vivez en partant de là. Si vous dites : « comment puis-je vivre à partir de là ? », vous invitez la structure d'hier. Mais si vous viviez avec l'inconnu, vous seriez libre, vous agiriez à partir de votre liberté, et, après tout, c'est cela l'amour. Si vous dites : « je sais ce qu'est l'amour », c'est que vous ne savez pas ce que c'est. Cela ne peut sûrement pas être une mémoire, le souvenir d'un plaisir. Et puisque ce n'est pas cela, vivez avec ce que vous ne connaissez pas. 

Krishnamurti, La Révolution du silence 

 

Encore une réflexion :

Le (ou Un) problème politique qu'a prétendu régler la démocratie est celui de l'entente entre individus ou groupes d'individus n'ayant pas le même point de vue sur le monde. On peut lui reprocher de ne pas avoir questionner les causes de cette mésentente et de l'avoir entretenue tout en prétendant la gérer.

Au final ça va juste lui péter à la figure.

C'est ce que j'ai voulu entendre quand Eli Barnavi a dit sur radio france un jour que la démocratie était "une couche d'huile sur un océan de violence".

Derrière nos mésententes, il y a des vérités terribles que nous ne voulons pas voir. J'ai pu observer dans le mouvement des indignés ce même aveuglement qui a généré cela-même qu'ils prétendent vouloir combattre et dépasser.

Cela devait être dit.

 


Commentaires

 

1. Phenix  le 08-11-2012 à 21:01:14  (site)

Beaucoup de choses intéressantes dans cet article, cependant, il y a juste quelques points sur lesquels je ne suis pas d'accord.

Déjà, comme bien expliqué, le mouvement des indignés est par nature ouvert à tous. Il n'appartient à personne... Donc critiquer les indignés, c'est s'auto critiquer, car le principe c'est que tout le monde peut faire son mouvement selon ses idées. On ne peut pas critiquer les indignés, car ils sont aussi différents qu'ils sont nombreux.

Enfin, les indignés, je dirai que le nom était vraiment mal choisi, trop tourné vers la protestation, alors que ce n'était pas un mouvement construit pour réussir dans cette voie... Je l'aurai plus vu pour construire.

Sinon, oui la révolution, les gens ont peur du changement à raison. Ils ont souvent une famille, des enfants, un toit qu'ils ont perdre de perdre, et à manger, le changement ne garantit rien de ça. Plutôt que de leur jeter la pierre, je pense qu'il est important de les comprendre. C'est la base du changement.

Aux indignés auquel j'étais, les décisions étaient prises à l'unanimité.

Enfin désaccord sur cette philosophie qui consiste à dire qu'on peut changer l'être humain... A part en faisant des modifications génétiques on ne peut pas changer, ou alors c'est sur des millénaires... On peut changer nos cultures, nos valeurs, mais on changera pas notre espèce animale comme ça...

Et justement, c'est important je trouve de prendre en compte ce qu'on est ! D'accepter donc notre diversité, et le fait que pour que la terre tourne, il faut aussi bien des sages, que des fêtards, des bosseurs, des solitaires, des sociales etc... Et même des sanguins, des peureux, des aigris etc...

 
 
 
 

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